Malgré le contexte, je choisis de rester optimiste. Mais je suis maintenant convaincu que ce n’est pas de la dynamique partisane que viendra le prochain grand déblocage de la société québécoise.
Pour cette raison, je fais le choix de rester quelque temps en marge des partis politiques. Je veux explorer d’autres formes de participation à la vie démocratique. L’univers numérique offre des moyens de le faire — des moyens qu’on a encore très peu explorés.
Je fais le pari que le grand déblocage que je souhaite viendra donc de celles et ceux qui baignent dans le numérique — jeunes et moins jeunes. Je crois que c’est à partir de là, et avec eux, qu’il faut réaliser des projets et coaliser des énergies pour transformer notre démocratie.
Il faut faire la démonstration que la démocratie représentative, où on confiait nos pouvoirs à des élus une fois tous les quatre ans, c’était bien, mais que ce n’est plus suffisant.
Il faut démontrer qu’il est possible de faire beaucoup mieux. Qu’il existe d’autres façons:
de réfléchir ensemble;
de faire émerger des consensus;
d’établir des priorités;
de rédiger des plans d’action;
d’influencer les élus;
de rendre les gens imputables.
Il y a beaucoup d’outils, utilisés couramment aujourd’hui par les habitués du numérique, qui pourraient être très utiles pour inventer le Québec de demain — si on les mettait de façon ingénieuse au service de la démocratie: les wikis, les blogues, Google Docs, Slack, GitHub — et pourquoi pas Facebook et Twitter? (J’utilise à regret quelques marques de commerce pour évoquer les technologies sous-jacentes.)
C’est ça que j’ai envie d’explorer dans les prochains mois. En espérant trouver des gens qui auront le goût de se joindre à moi pour le faire.
On ne part évidemment pas de zéro: il y a de nombreux exemples ici et là, au Québec et ailleurs. Il s’agit de repérer les plus inspirants, de les adapter à notre réalité et de les mettre en œuvre lorsque ce sera possible — avec une bienveillante subversion.
Il faut bien se rendre à l’évidence, quand y s’passe (presque) jamais c’qu’y devrait s’passer, il faut oser rebrasser les cartes et tenter autre chose.
Je pense qu’on est rendus là.
Intéressé? Écrivez-moi: claberge@remolino.qc.ca.
À «tenter autre chose», j’ai envie de te partager ce lien, qui répertorie plusieurs bons exemples de gouvernements plus ouverts, pour savoir ce que tu en penses: https://www.nesta.org.uk/feature/six-pioneers-digital-democracy/
@verob — merci! Je connaissais certains de ces exemples, mais ils sont présentés là de façon particulièrement efficace. Deux projets retiennent particulièrement mon attention parmi les six: vTaiwan et le Parti Pirate.
vTaiwan parce que la démarche me semble ingénieuse, et plus ouverte/libre que les autres. Mais je ne suis pas certain que le «autre chose» que je souhaite repose sur une démarche aussi structurée et centralisée (comme le sont la plupart des exemples retenus par Nesta).
Parti Pirate parce que ses instigateurs y ont vu une façon simple de rassembler des gens autour d’une façon de faire de la politique plutôt qu’autour d’un programme ou d’un ensemble d’idées précises. Et ça, ça me parle beaucoup… mais est-ce que c’est un piège de se remettre du même coup dans une dynamique partisane? Je m’interroge.
Et toi, qu’en penses-tu?
Merci pour ce texte…pour toutes ces réflexions au fil du temps et des années, pour ton engagement constant et ta loyauté envers tes idéaux. Aujourd’hui, je suis à la fois plus optimiste et plus pessimiste que toi; plus heureux de certaines de nos avancées historiques et plus triste de certains retards dramatiques. Et, comme toi je m’interroge. Beaucoup. Pour l’avenir du Québec et l’avenir de notre planète. Amitiés, Laurent.
@Laurent: merci beaucoup d’avoir pris le temps de laisser ce commentaire. Le défi des prochains mois va consister à essayer de ramasser ces inquiétudes pour essayer d’en faire quelque chose de constructif. Sous quelle forme, avec quel calendrier? Je ne sais pas… mais il faut arriver à replonger dans quelque chose de concret, rapidement.