J’ai publié près de 200 textes sur mon blogue au cours de l’année. Des textes qui ont fréquemment suscité des commentaires de lecteurs. Les blogues étaient alors de véritables lieux d’échange. C’était avant que Facebook ne détourne à son profit toutes nos discussions.
J’ai aussi prononcé à l’occasion d’un congrès d’enseignants une conférence qui avait pour titre Façonner sa vision du monde avec les TIC (technologies de l’information et de la communication).
J’ai cité à cette occasion le frère Marie-Victorin pour bien marquer l’importance qu’Internet et les technologies devaient prendre dans l’avenir de la nation québécoise:
«Une question angoissante se pose en ce pays, disait-il: y aura-t-il une science française en Amérique? […] Parce que nous, les Canadiens français, nous sommes pour bien peu de chose dans toute cette marche en avant des découvertes scientifiques et dans tous ces reculs d’horizon. Le monde scientifique a marché sans nous; il nous a laissés si loin derrière lui que nous l’avons perdu de vue et que beaucoup de nos compatriotes cultivés le croient petit et de mince importance parce qu’ils le voient de trop loin. La grenouille dans sa mare ignore le grand océan dit le proverbe japonais. C’est un peu notre cas.»
Vous le devinez bien, si j’ai choisi d’ouvrir ma conférence avec cette citation du frère Marie-Victorin, ce n’est pas pour nous congratuler de notre réussite dans le domaine scientifique. C’est plutôt parce que j’entretiens au sujet des nouvelles technologies les mêmes angoisses que le frère Marie-Victorin en regard des sciences.
Je pense qu’il faut être préoccupé à l’idée que les Québécois soient exclus du monde technologique qui se dessine à l’horizon, parce que nous comprenons peut-être mal les enjeux qui accompagnent la naissance de la culture de réseau.
C’était une période d’inquiétude pour la région de Québec, qui découvrait avec la publication d’un rapport qu’elle devait se préparer à un choc démographique. La crainte de l’exode des jeunes s’installait dans les médias.
Pour répondre à l’inquiétude, la Ville de Québec avait décidé de lancer une série de consultations sur le thème Dans quelle ville voulons-nous vivre dans 20 ans?
J’y ai plaidé pour qu’on arrête de culpabiliser les jeunes qui aspiraient à étudier ou à travailler à l’étranger — en disant que c’était une aspiration légitime qui pouvait même devenir une source d’enrichissement pour la ville.
Les réactions que mon discours a suscitées m’ont permis de comprendre un peu mieux le texte d’Helene Jutras.
Ne reculant devant rien, j’ai publié dans Le Soleil, avec une vingtaine de signataires, un texte qui proposait de faire de Québec une cité éducative.
Et Jean Charest a été élu premier ministre du Québec.
Je découvre ce texte d’Alain Beaulieu, publié dans Le Devoir du 7 mai 2003, trois semaines après l’élection de Jean Charest. Ouf…
https://www.ledevoir.com/opinion/idees/27035/le-soubresaut-historique