Cette fois, c’est en lisant un texte de Stéphane Laporte que j’ai commencé l’année:
«À minuit, ce soir, nous allons tous être excités (…) mais entre vous et moi, 2011, 2012, 2013, qu’est-ce que ça change? (…) Ça nous prendrait des résolutions collectives. Ça prendrait des buts, pas juste pour le Canadien de Montréal, pour tous les humains.
La promesse de Kennedy a frappé mon imaginaire d’enfant. Au début des années 60, JFK avait mis au défi les États-Unis de marcher sur la lune avant la fin de la décennie. Le 20 juillet 1969, Neil Armstrong plantait le drapeau américain sur l’astre de la nuit. Pari tenu.
Il nous faudrait d’autres objectifs Lune pour donner un sens au temps qui passe (…) il faut sentir que 2012 sera le début de quelque chose.
Et si, en 2012, c’était ça, notre résolution: s’en trouver une? Une belle, une vraie, une grande. On l’accomplira en 2013, en 2014 ou en 2025, mais au moins on l’aura trouvée. Cette résolution collective sur laquelle nous pourrons bâtir.»
Nous y sommes presque arrivés dans les mois suivants, à tenir cette résolution, guidés par les jeunes qui ont réussi à sortir le Québec de sa torpeur le temps du Printemps érable. Presque.
Parce que malheureusement, le Printemps s’est mal terminé, dans l’arrogance du pouvoir et la violence des forces de l’ordre.
Le 21 avril j’ai écrit à ce sujet:
«J’ai tous les jours l’impression de découvrir que la société dans laquelle je vis est plus malade que je ne le pensais. Ce déballage presque quotidien de petits et grands bobos, de copinages, de choix douteux et de processus viciés me fait très mal. Je n’arrive plus à prendre cela avec distance… il y a comme quelque chose qui nous rattrape, quelque chose qu’on a négligé et qui remonte soudainement à la surface.»
Le 21 mai, j’ai ajouté:
«La loi spéciale, démesurément répressive, suscite ma colère et me fait honte, mais il y a plus, il y a pire: il y a ce que les quatorze dernières semaines ont révélé sur l’état de la société dans laquelle je vis.
J’ai depuis quelques jours la très désagréable impression que rien ne va plus. Comme si le Québec que je tenais comme acquis s’avérait une illusion. Je réalise à quel point des années de négligence d’un peu tout le monde et l’arrogance de quelques-uns ont fini par abîmer mon pays. (…)
Le Québec n’est plus la démocratie exemplaire qu’il a déjà été, mais on va se retrousser les manches pour qu’il le redevienne rapidement.»
Le 4 septembre, Pauline Marois a été élue première ministre du Québec. Le Parti Québécois revient au pouvoir, après dix ans! J’aurais dû être content, mais la victoire était si courte. Et l’attentat sur lequel se termine la soirée me ramène encore cette mauvaise impression d’un Québec invisible où sommeille la violence. Je me souviendrai toujours de l’ambiance ce soir-là dans le local de la campagne de Louis-Hébert. Eurk.
Un gouvernement minoritaire, après tout ça? Sérieusement? Je n’en reviens toujours pas (et je pense que six ans plus tard, le Parti Québécois n’a même pas encore fini de comprendre le message qui lui a été envoyé ce jour-là).
Tout cela m’a beaucoup ébranlé, mais pas découragé.
Je commence à m’intéresser à d’autres formes de leadership, notamment en lisant Des idées d’avenir pour un monde qui vacille, de Claude Paquette:
«Le leader transformationnel influence parce qu’il est, mais il ne se présente pas comme l’exemple à suivre. Il refuse le dogmatisme. Il rejette les voies uniques. Il propose des directions, mais il laisse à l’autre le pouvoir de la décision. Il suscite, mais il relativise. Il suit ses idées et ses valeurs, mais il ne les impose pas, tout comme il ne veut pas que les autres lui en imposent. Il prend position, mais il admet qu’elle est une possibilité parmi d’autres. Il agit mais sans perdre de vue le cadre de référence qu’il a choisi.»
Bref: la politique, oui mais… encore une fois!
Le 21 septembre, j’ai commencé à tenir un journal personnel, à l’aide de l’application DayOne. Je tiens toujours ce journal, quasi quotidiennement. Dans ma première entrée, j’ai noté: «il faut partir à la recherche du calme qui manque à nos ambitions.» C’est une phrase qui m’inspire encore.
En fin d’année, un nouvel appel se fait entendre pour que le Québec se dote d’un plan numérique. Évidemment sans trouver d’écho.
Heureusement, nous avons terminé l’année en famille, à Montevideo, en Uruguay, à la découverte du pays de naissance d’Ana.