Un des plus grands groupes d’édition italiens a choisi cette année-là d’adopter la plateforme de distribution de livres numériques de De Marque. On continuait d’avancer. C’était très stimulant!
On a aussi continué d’innover en lançant prêtnumérique.ca, une plateforme de prêts de livres numériques basée sur une approche commerciale inédite, qui a attiré l’attention partout dans le monde — et qui continue de très bien fonctionner!
J’ai aussi participé très activement, pendant plusieurs mois, aux travaux de la SODEC qui allaient donner lieu au rapport Option Culture: virage numérique.
Côté professionnel, ça allait donc remarquablement bien, mais j’étais terriblement déçu de voir que le monde politique restait insensible (à part quelques creuses déclarations) aux développements d’Internet et des nouvelles technologies.
C’est une des raisons qui m’a amené à m’engager de façon beaucoup plus officielle au Parti Québécois. Faut ce qu’il faut, me suis-je dit.
Je suis devenu membre d’un exécutif de circonscription et j’ai participé au congrès national du Parti Québécois, qui a été couronné d’un grand succès.
«J’y suis allé guidé par un profond engagement démocratique. Parce que je pense qu’il y a des limites à déplorer l’état de notre démocratie. Il y a des moments où il faut rejeter le cynisme et mettre l’épaule à la roue pour que les choses changent.
Cela m’a fait le plus grand bien de voir la démocratie en action. Pendant trois jours, nous avons débattu de centaines de propositions. Nous avons argumenté, nous avons modifié, nous avons voté; encore et encore. Quelques propositions ont retenu toute l’attention des médias, mais toutes avaient leur importance.
La démocratie, ce n’est pas seulement voter lors des élections. C’est un processus continu. C’est la recherche du bien commun et l’acceptation des compromis qui l’accompagnent inévitablement.»
Mais très rapidement, tout a dérapé.
Le 2 mai, le Bloc Québécois a été pratiquement rayé de la carte à l’occasion de l’élection fédérale qui fait de Jack Layton le chef de l’opposition officielle à Ottawa. Gilles Duceppe a été mis K.O.
Dans Le Devoir, Bernard Descoteaux a dit:
«Le mouvement souverainiste doit [maintenant] sortir des parlements, rejoindre les jeunes, adapter son discours aux générations X et Y. Ce sont par celles-ci que les Québécois ont voulu cette fois être représentés à Ottawa. C’est à celles-ci que de toute façon il reviendra d’assumer le pouvoir et de réaliser la souveraineté si elle doit se réaliser.»
Ce que j’ai commenté à mon tour de cette façon:
«Il ne suffira pas de trouver de nouveaux mots pour parler de la bonne vieille souveraineté si on veut convaincre les jeunes. Ce n’est pas à un problème de marketing auquel fait face le mouvement souverainiste. Le défi est bien plus fondamental: c’est la nature de notre démarche que nous devons accepter de remettre en question. Les gens attendent de nous que nous proposions un projet de société stimulant et que nous leur expliquions pourquoi la souveraineté est nécessaire à sa réalisation (…)
Il est urgent de formuler clairement un projet ambitieux au cœur duquel se trouveront l’éducation, la culture et l’environnement. Un projet au service duquel les technologies de la communication et les réseaux seront intensivement mis à contribution et pour lequel nous stimulerons le développement de l’esprit entrepreneurial sous toutes ses formes. »
Je doute encore aujourd’hui que cela ait été entendu.
Et comme si cela n’était pas assez, peu de temps après, Louise Beaudoin, Pierre Curzi, Lisette Lapointe et Jean-Martin Aussant ont claqué la porte du Parti Québécois en réaction au projet de loi 204.
Dans un texte intitulé La partisanerie qui rend aveugle, Louise Beaudoin dit alors:
«… j’ai commencé à m’interroger sur la partisanerie qui souvent rend aveugle, qui nous force à toujours être dans la certitude, jamais dans le doute, sur le ton guerrier que l’on se croit obligés d’employer, sur la manière de se comporter avec des adversaires que l’on a tendance à considérer comme des ennemis, sur l’unanimisme imposé et sur la rigidité implacable de la ligne de parti: des maux dont la politique, je crois, est en train de mourir ici et ailleurs.
J’en suis venue à la conclusion que cette façon de faire alimentait le cynisme d’une population de plus en plus critique vis-à-vis de la classe politique. (…) La souveraineté se réalisera grâce à la réappropriation par la population des raisons profondes identitaires, culturelles, économiques et sociales de la mener à bien. Pour y arriver, c’est ma conviction, il faut changer la politique, la transformer.»
Lire ça m’a immédiatement ramené à l’esprit le manifeste pour l’indépendance politique que j’avais écrit et diffusé sur mon blogue en 2005.
Dans les mois suivants, presque toutes mes lectures et mes réflexions ont semblé guidées par la recherche de nouveaux points de repère:
- Sur le leadership (25 juin);
- Le goût du pouvoir public (30 juin);
- Engagement et résignation (4 juillet);
- L’intellectualisme au Québec (7 juillet);
- L’importance du regard (21 août);
- Le confort et l’ambivalence (27 décembre);
- S’indigner ou résister (31 décembre).
Au cours de l’été, j’ai aussi fait l’exercice d’écrire des lettres fictives à Jean-Paul L’Allier, au Frère Marie-Victorin et à Daniel Boucher afin de solliciter leur aide dans ma recherche.
«… je souhaite vraiment pouvoir compter sur vous pour m’aider à réfléchir aux diverses formes que pourra prendre mon engagement dans le développement de la société québécoise au cours des prochaines années.»
En fin d’année, après à peine quelques mois en retrait de la vie politique, François Legault a annoncé la création de la Coalition avenir Québec (je l’ai évoqué récemment dans ce texte), et Jean Charest s’est résigné à mettre en place la Commission Charbonneau afin d’enquêter sur la corruption dans l’industrie de la construction.