J’ai commencé l’année avec la lecture d’un texte de Florence Piron, publié dans Le Devoir: Faisons-nous un cadeau pour 2010, aimons la politique.
«… il faut que la politique se fasse aimer de nouveau, qu’elle soit un lieu vivant et chaleureux de renforcement des liens sociaux et des croyances dans les valeurs communes, qu’elle redevienne le creuset de rêves et d’espoirs d’un monde meilleur à construire ensemble.»
J’ai même pris le temps d’approfondir un peu le sujet sur mon blogue:
«Ce sera ça, plus que jamais, mon défi en 2010: me souvenir tous les jours que si j’ai choisi d’être entrepreneur, c’est parce que je suis profondément attaché à la recherche du bien commun et que je suis plus que jamais convaincu que le rythme [auquel les changements surviennent ne nous permet] pas de nous en remettre uniquement à nos trop lentes institutions pour faire naître les solutions dont nous avons besoin, tant du point de vue culturel qu’économique. Cela, en continuant à croire à la politique et à investir du temps pour la faire aimer de nouveau. (…)
Aujourd’hui, j’ai la conviction que, dans mon cas, c’est en étant un entrepreneur engagé dans le domaine de la culture que je suis le plus efficace politiquement. Demain, on verra bien.»
Le 3 avril, Apple a lancé l’iPad.
Trois jours plus tard (!), je publiais sur mon blogue un texte extrêmement ambitieux pour créer un écosystème commercial pour le livre autour de l’iPad (et contourner l’hégémonie d’Apple).
Trois mois plus tard, De Marque lance La Hutte, une application qui concrétisait cet écosystème. On n’avait décidément pas froid aux yeux.
Mais l’ambiance au Québec se détériore. Je sens même le besoin de réagir à un texte très sombre de Patrick Lagacé qui, revenant d’Haïti, commentait une entrevue de Denys Arcand avec Stéphan Bureau:
«Je reviens à cette phrase assassine d’Arcand lancée à Bureau. Phrase qui, peut-être, résume tout le Québec de 2010, d’une certaine façon: Y a rien, dans nos vies. Pas fou, au fond. Notre grand projet collectif? Euh, attendez une seconde. L’échangeur Turcot? Le CHUM? Et quand nous sommes vraiment ambitieux: la laïcité.»
Ce à quoi j’ai répondu:
«La lecture de ton texte m’a vraiment donné envie de te brasser gentiment. Elle m’a donné envie de donner une bine pis de te dire de sortir de ta torpeur — parce qu’au Québec aussi tout est à faire! Me semble que c’est évident! Plus que jamais! Notre problème c’est de trouver par où commencer… Et pour ça… ben faut d’abord sortir de la résignation, du cynisme et de l’indifférence.»
Sauf qu’avec le recul, je pense que j’essayais surtout de me convaincre moi-même.