C’est l’année où on a décidé d’un retour familial à Québec — en pleine célébration du 400e anniversaire de la capitale.
L’enthousiasme était palpable. J’étais convaincu que les technologies étaient en train de changer le monde et que le Québec pourrait jouer un rôle de meneur dans les bouleversements à venir. C’est pour cela que je me suis joint à l’équipe de De Marque.
J’ai aussi repris mon bâton de pèlerin pour parler de la cité éducative et de la nécessaire transformation de l’école:
«Comment est-il possible qu’en 2008, toutes les écoles n’aient pas déjà au moins une page Web avec, en permanence, une liste de besoins et de souhaits continuellement mis à jour? Une page Web qui la relie aux autres écoles de son secteur, à l’hôtel de ville, à des associations, aux familles, aux écoles d’autres villes — voire d’autres pays. Un système (…) qui permettrait aux forces vives d’un milieu de s’engager aux côtés des profs (…) Ce n’est rien de très compliqué techniquement aujourd’hui. Le défi est politique: il faut en avoir la volonté. Si seulement on en faisait l’“avant la fin de la décennie nous marcherons sur la lune”» de notre époque?»
Je me suis aussi exprimé sur la demande, formulée par certains, de freiner la réforme de l’éducation:
«Le Québec ne peut pas se contenter de regarder le monde prendre forme, il doit participer à son invention — en être un acteur de premier plan.
Le réflexe du moratoire est compréhensible, mais c’est un piège. Il faut être plus progressiste. Il ne faut pas se contenter d’être observateur d’un monde en changement. (…) Il faut remettre l’éducation au cœur de notre projet de société. Il faut décrire ce projet et forcer ceux et celles qui prônent le statu quo d’expliquer le projet de société qui les motive.»
Ce sont probablement les mois où j’ai été le plus optimiste pour le Québec depuis 1995, comme en témoigne ce texte écrit au début du mois de novembre:
«Je sens naître chez plusieurs des gens que je côtoie le désir d’explorer de nouvelles façons de voir les choses. L’envie, aussi, de poser des gestes concrets qui correspondent à ce nouveau regard.
Paradoxalement, au moment où le système financier s’écroule, où notre environnement se dégrade à vitesse accélérée et où on s’enlise dans une succession de gouvernements faibles — faute d’un projet de société capable de rallier la majorité — je n’ai pas l’impression que les gens que je côtoie sont abattus. J’ai, au contraire, l’impression que le contexte leur donne le goût de (re)prendre les choses en main.»
Le lendemain, Barack Obama était élu à la présidence des États-Unis.
Le surlendemain, Jean Charest déclenchait les élections qui allaient refaire de lui le premier ministre d’un gouvernement majoritaire. Le Parti Québécois a du même coup retrouvé son confortable rôle d’opposition officielle. François Legault profite du résultat décevant de l’élection pour secouer l’establishment du parti.
C’est une campagne électorale qui a été terriblement décevante, m’amenant à dire, dans mon bilan de fin d’année, qui a été publié par Le Lien Multimédia:
«Le grand flop de 2008 c’est le manque de leadership politique dans le domaine du multimédia et d’Internet.
Je trouve invraisemblable qu’au moment où notre société est en train de se transformer rapidement sous l’influence des “nouvelles technologies”, le Québec ne dispose d’aucune vision d’ensemble, et encore moins de stratégie, dans ce domaine. Ce n’est pas sérieux: ni d’un point de vue social, ni d’un point de vue économique.
Je trouve invraisemblable qu’aucun des partis politiques n’ait présenté de propositions sérieuses à cet égard lors de la dernière campagne électorale.»
L’espoir était déjà en train de retomber. Les choses semblaient vouloir se poursuivre comme dans le bon vieux temps.