Stephen Harper devenait premier ministre du Canada. Le Bloc Québécois subissait une très dure défaite. Le Québec a voté majoritairement pour le Parti Libéral, à l’exception de la région de Québec, qui a très majoritairement donné son appui au Parti Conservateur.
J’ai publié le 28 janvier un texte dans lequel je déplore qu’on utilise encore le mystère Québec pour expliquer le résultat de l’élection et j’appelle plutôt à une autre façon de faire la politique:
«J’ai le goût de croire à un projet politique où la seule la ligne de parti consiste à être à l’écoute, à reconnaître la diversité plutôt qu’à la nier. Un projet qui consiste à faciliter l’émergence de discours partagés, l’élaboration d’objectifs communs, la formulation collective d’un projet de société. Un leader politique ne doit pas parler pour les gens: il doit faciliter leur expression, animer, arbitrer. Il doit guider les conversations, éviter les abus, faciliter l’expression des points de vue particuliers.»
Un rapport commandé par Gilles Duceppe à Hélène Alarie allait aussi démontrer, quelques mois plus tard, qu’il n’était pas nécessaire d’invoquer le mystère Québec pour expliquer la défaite du Bloc Québécois. La raison était bien plus simple, et c’était la montréalisation du discours indépendantiste (un problème qui n’est toujours pas réglé en 2018!).
En avril, je reprenais la plume avec un ami pour interpeler durement les leaders indépendantistes après une délirante polémique au cours de laquelle Bernard Landry a dit qu’il boycotterait de l’œuvre de Michel Tremblay… parce que celui-ci avait osé dire qu’il n’était plus souverainiste.
«Messieurs, mesdames les leaders souverainistes, cessez de vouloir rallier les gens à votre rêve de pays. C’est votre rêve. Pas le leur! Ou du moins, ils ne voient pas de liens avec leurs propres rêves. (…) Aidez plutôt vos concitoyens à formuler leurs propres rêves, quels qu’ils soient — parce que c’est l’essence de la liberté. Il faut accepter l’idée que les Québécois travailleront à réaliser la souveraineté politique du Québec lorsqu’ils croiront que cela peut les aider à réaliser les rêves qui les animent. Pas avant et pour aucune autre raison.»
Pendant ce temps, en France, à la veille de la campagne présidentielle, Nicolas Hulot formule un plaidoyer écologique que je relayais aussitôt sur mon blogue:
« … la possibilité future de production et de redistribution des richesses est désormais conditionnée par l’état de la planète. (…) C’est à partir de ce constat, radicalement inédit dans l’histoire de l’humanité, que les politiques doivent désormais se redéfinir, à droite comme à gauche, et offrir des solutions qui, pourquoi pas, peuvent s’avérer différentes et provoquer de féconds débats démocratiques.»
Pendant ce temps, on avait au Québec les débats qu’on méritait… on se passionnait pour la proposition de l’Action démocratique du Québec d’abolir les commissions scolaires (un débat toujours pas réglé…).